Cette contribution est une découverte des mystères du
climat au travers des civilisations et des âges. Un voyage mené grand train, avec poésie et espièglerie.
Les hommes n'ont presque plus rien à inventer. Ils entrent dans le blême dimanche de la technique en attendant celui de l’histoire. Heureusement, il y a le climat. Avec la mort, le climat
est un des rares territoires sur lequel les hommes n’ont pas réussi à faire main basse, l’un des derniers rebelles. C’est une mauvaise tête, une tête fantasque et irréductible. S’il a
cédé quelques provinces de son Empire, il a cependant résisté à la mise en ordre généralisée qui forme le seul et pauvre dessein des civilisations. Entre le cosmos qui a été réglé une
fois pour toutes, dès le début des choses, et la terre que nous sommes en train de réduire en esclavage, les nuages sont les derniers vestiges des primitives libertés. S’ils ont envie de
faire un petit tour au-dessus des Alpes, ils appareillent. Les vents se lèvent quand ils en ont assez de dormir, ils font les matamores, cassent une ou deux îles tropicales, rentrent dans
leurs songes, mais ils ne somnolent que d’un œil, ils se réveillent en sursaut et vagabondent encore.
Né en 1923, Gilles Lapouge a mené une longue carrière de journaliste et tient toujours une chronique quotidienne dans le plus grand journal brésilien O Estado de São Paulo. Ecrivain inclassable et éclectique, considéré comme un philosophe réfractaire aux idées à la mode (Utopie et Civilisations), comme un « écrivain voyageur » (Les Pirates et Equinoxiales sont des textes de référence), la littérature est la passion de toute sa vie et ses grandes admirations vont à Stendhal, Rimbaud, Dickens, Hamsun et Giono.